Le billet « Je ne vous ai pas compris »

On serait bien tenté de mettre dans la bouche des responsables politiques nationaux cette phrase : « Je ne vous ai pas compris ». Les élections présidentielles sont aujourd’hui derrière nous et les législatives se lancent à peine. Mais déjà les journaux régionaux regorgent de reportages et d’interviews sur les candidats locaux déçus de ne pas pouvoir représenter leur parti. Ou qui se lancent en dissidence. Il ne s’agit pas forcément de députés qui voudraient une fois de plus renouveler leur mandat. Il y a aussi de jeunes recrues qui se sont frottés aux élections municipales et qui veulent se lancer dans le grand bain de la politique parlementaire. Ils viennent de tous les bords politiques.

On voudrait bien y voir un signe de dynamisme de notre démocratie. Car lors de la présidentielle, l’abstention a frappé : 28 % en moyenne, 41 % chez les 18-25 ans, 38 % dans les classes dites populaires. Les votes blancs et nuls représentent quant à eux 8,60 % des bulletins. Ce manque d’enthousiasme pour le vote tout comme les votes protestataires aux extrêmes semblaient avoir provoqué un électrochoc. Apparemment de courte durée. Car alors que les observateurs disent notre démocratie malade, les tractations pour les législatives se passent à Paris, à droite comme à gauche. Avec des engagements qui semblent difficiles à tenir dans la durée, entre des partis, frères ennemis il y a deux semaines.

Les enquêtes soulignent la montée des sentiments d’abandon dans les territoires ruraux, nourrie par les multiples fermetures de services publics. Cet éloignement n’est pas compensé par la mise à disposition d’outils informatiques. Il reste beaucoup de citoyens désolés de l’absence de personnes formées pour les accompagner techniquement et surtout humainement dans leurs démarches administratives. S’y ajoutent l’augmentation du coût du carburant, du chauffage, l’éloignement de l’emploi. Les élections à venir doivent donc porter les attentes des ruraux.